Le logiciel libre poursuit son ascension
Le logiciel libre ne s’est quasiment jamais aussi bien porté et reste un mode de consommation du logiciel particulièrement utilisé en France. C’est d’ailleurs le pays le plus intensif en logiciel libre comme a pu l’observer PAC mais aussi d’autres organismes tels que GeorgiaTech. La France est le premier marché Européen pour le logiciel libre avec un marché évalué à 1,5 milliard d’euros en 2009. C’est ce qu’indique la dernière étude publiée par le cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC).
2009 n’a pas du tout été une année de crise pour le logiciel libre, tant en France qu’au niveau Européen. En France, la croissance du logiciel libre s’est poursuivie pendant la crise, avec +33% pour 2009 et 30% de croissance prévue pour 2010.
La rançon de ce succès est, selon PAC, que le logiciel n’est plus vu comme un concept novateur, mais comme une technologie mature, proposée et utilisée par tous les acteurs du marché. En grandissant le logiciel libre s’est aussi fortement « hybridé » avec le logiciel propriétaire. La très grande majorité des projets sont plutôt des projets Source plus que des projets strictement open source. Le logiciel libre est devenu de moins en moins communautaire et de plus en plus professionnel.
C’est aussi l’avis de Boris Auché de Bull Services (cf Interview dans Bull Direct). « Pour réussir, deux leviers sont critiques. Le premier est de n’être pas dogmatique. Il faut savoir mixer Open Source et Propriétaire, au cas par cas, selon les besoins. Aujourd’hui, le « Tout Open Source » n’est pas adapté à toutes les problématiques. Le second levier est de contribuer à l’écosystème. Face à l’Open Source, certains s’opposent, d’autres pillent. Nous privilégions une troisième voie : la contribution. L’Open Source n’est viable que si les grands acteurs aussi s’engagent et investissent, en mettant à disposition leur R&D, leur savoir-faire technologique, leur réseau de partenaires.
Collaborer et mutualiser
Un autre aspect du logiciel libre que l’on évoque rarement, repose sur ses capacités offertes au niveau collaboration et productivité sur les projets à très forte valeur ajoutée, en particulier dans les secteurs comme le militaire et l’aérospatial. Ceci permet à des sociétés en compétition de travailler conjointement sur des projets critiques et de mutualiser les investissements sur des technologies spécifiques, mais plus banalisées.
Un des aspects intéressant qu’implique le modèle du logiciel libre basé sur la collaboration et l’ouverture du code est le respect des standards. C’est une des raisons qui explique la bonne pénétration des technologies libres sur les marchés du SOA et du Cloud Computing.
Quels enjeux demain pour les DSI ?
« S’il est nécessaire de prendre en compte les questions de sécurité ou de risques légaux comme dans tout projet, il ne faut pas surestimer ces risques, poursuit Boris Auché. A contrario, il faut savoir prendre en compte d’autres enjeux, notamment ceux liés à l’exploitation (trop souvent oubliée) ou à l’ergonomie utilisateur, en accompagnant le changement et en bridant parfois les fonctionnalités qui pourraient conduire à des difficultés. Les DSI doivent aussi développer une expertise du mode de travail communautaire. Cela les conduit parfois à changer de visage avec un mode collaboratif plus horizontal que vertical, avec la prise en compte des collaborateurs digital natives.